Je ne le sais pas alors, mais la suite sera HEUREUSE... car, sans affronter cette maladie, j’aurais pu continuer à mener une vie dans laquelle j’étais INCONSCIEMMENT insatisfaite alors que SOCIALEMENT absolument parfaite.
C’est cette maladie qui m’a obligée à M'ECOUTER.
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QUAND ÉTAIS-JE MALADE ? Voici une question que je ne me posais pas et que l'on ne me posait pas non plus.
"Combien je prenais de pilules et quels étaient mes symptômes" était le seul discours à l’époque.
J'en prenais peu, voir pas du tout. Je refusais de vivre "sous ordonnance". Je refusais de suivre les directives d'un traitement. Je détestais les soins. Je détestais tout ce qui était, de prés comme de loin, lié à cette maladie. ELLE NE M’INTÉRESSAIT PAS. ELLE ME FAISAIT PERDRE MON TEMPS.
LA HONTE J'avais mal, de plus en plus souvent, de plus en plus longtemps mais je supportais avec ce que je pensais être du courage. Cela dit, à cause des effets secondaires de la maladie et des "urgences" qu'elle nous créée, j'avais honte.
Cette maladie touche quelque chose de profond chez les patients. Vous devez, vous aussi peut-être, compenser en étant maniaque, over-méticuleuse et très soignée, non ??
Cette maladie touche principalement les jeunes entre 20 et 30 ans, l'age ou on est censée être saine, fraîche, vive, pleine d’énergie l'age ou on cherche a plaire pour trouver le grand amour, l'age aussi ou la carrière et les réseaux se construisent..... Bref, c'est à cette pleine période de construction qui nous attache, dépendantes, aux regards des autres, que l'on découvre qu'il nous est devenu impossible de contrôler nos "boyaux" et que des situations très simples pour les autres représentent d’énormes risques pour nous. Qui de nous n'a vécu de situations incroyables, impensables...insupportables, des situations qui font honte, qui touchent notre intégrité, notre personnalité, notre féminité, qui attaquent notre confiance en nous, qui modifient notre regard sur nous-même.
MALADIE INVISIBLE Personne ne sait. Personne ne voit. Mais vous, vous savez.
Nous sommes continuellement entrain de nous surveiller pour ne pas nous retrouver dans une situation que nous ne pourrions plus contrôler, dans une situation dont nous pourrions, ne pas nous relever "intacte".
Pour moi, ce fut, de loin, le plus "douloureux" aspect de cette maladie. Et franchement, à qui en parler ????